Au milieu de la quiétude un peu morne à laquelle le monde musulman semble condamné et résigné, la secte des wahabites est venue susciter, vers la fin du dernier siècle, la plus grande crise que la péninsule arabique ait ressentie depuis la prédication de Mahomet. Tout ce qui existe aujourd’hui sur ce sol a été renouvelé alors ou profondément ébranlé. A partir de la même époque, on a commencé à connaître plusieurs régions de l’Arabie sur lesquelles on était à peu près réduit aux indications fort incomplètes des géographes orientaux. Pour la première fois depuis bien longtemps, la péninsule a été traversée dans toute sa largeur par des savants et par des armées. On a découvert des villes et des montagnes dans une contrée qu’on s’était accoutumé à considérer comme plate, déserte, parcourue seulement par quelques nomades.
Les premiers temps de son histoire n’ont plus aujourd’hui rien d’obscur, grâce aux importants travaux de Burckhardt, de Corancey et de Rousseau. On sait qu’Abd-ul-Wahab, qui a donné son nom à cette secte, naquit en Arabie dans le Nedjd vers 1691. Après avoir visité l’Égypte et une partie de la Turquie, il revint dans sa patrie, où il se consacra à purifier la doctrine et à réformer les mœurs des musulmans. L’occasion ne tarda pas à s’offrir à lui de manifester pour la première fois la mission qu’il s’attribuait. Les Arabes ont beaucoup de penchant à honorer les saints après leur mort; et en bien des circonstances le saint de telle tribu lui fait oublier l’Être suprême.
Ă€ PROPOS DE L'AUTEUR
Louis Marie Adolphe, baron d'Avril, né à Paris le 17 août 1822, mort au château de Coppières (ou Copierres), à Montreuil-sur-Epte, le 27 octobre 1904, est un diplomate et écrivain français.
Écrivain très prolixe, érudit et traducteur, il s'est principalement intéressé à l'Orient chrétien (Balkans et Proche-Orient) et à la littérature épique et populaire du Moyen Âge. Il a publié sous le pseudonyme de Cyrille des récits de voyage.