À la fin de l'été, et de retour de Balbec, Albertine s'installe chez le narrateur à Paris. L'amour que ce dernier portait pour Albertine a pris une couleur plus sombre. Chaque jour elle paraît moins jolie, moins séduisante, mais la peur qu'il a de la voir fuir pour un autre (ou une autre) le pousse à la maintenir comme prisonnière. Il l'interroge quand elle sort, et la suit dans ses déplacements. L'amour ne le rend plus heureux, au contraire il suscite chez lui une souffrance que l'incertitude et l'indifférence d'Albertine entretiennent. Lui-même est prisonnier de sa captive et de ses sentiments de jalousie.
Paru en 1923, «La Prisonnière» est le premier volume à titre posthume de Marcel Proust, et le cinquième d'une série de romans tous aussi remarquables que captivants: «À la Recherche du Temps Perdu».
Marcel Proust (1871-1922) est sans doute l’un des auteurs le plus connu de son temps. Né à Paris, il souffre de graves problèmes respiratoires. Possédant une grande fortune, il en profite dès sa jeunesse pour côtoyer les salons littéraires. Un grand intérêt pour l’écriture le saisit, et il s’y consacre pleinement. Il publie des poèmes et entame la rédaction d’une œuvre qu’il ne continuera pas. C’est seulement en 1907 qu’il commence à écrire son chef-d'œuvre romanesque «A la Recherche du Temps Perdu», avec le premier roman «Du Côté de Chez Swann». Les cinq autres tomes sont publiés entre 1919 et 1927. C’est là un théâtre social avec plus de deux cents personnages, et une large réflexion sur la mémoire. Mais les thèmes restent vastes, et parmi les plus saisissants on y trouve l’homosexualité — Proust est l’un des premiers romanciers à aborder le sujet.