L'Europe du vingtième siècle, l'Europe maritime et scientifique, fait le siège de l’Antarctique. Anglais, Suédois, Norvégiens, Belges, Allemands, Américains, entrent successivement dans la lutte. Les Français aussi y prennent leur part. Deux fois de suite, et pendant quatre années, le pavillon tricolore a flotté dans les mers et sur les terres australes, aux mains de Charcot et de ses intrépides compagnons. C'est grâce à eux que la France n'a pas été absente de ce combat de la civilisation. Jean Charcot, qui a conçu, organisé, conduit l'une et l'autre des expéditions, tout modeste qu'il soit, est un grand Français. Jeune, universellement aimé, portant un nom illustre, il pouvait jouir de l'existence facile, douce et brillante de la société parisienne où une place de choix lui appartenait. Il a quitté tout cela; il a sacrifié son temps et une bonne part de sa fortune ; il a offert sa vie pour ajouter quelque chose à la renommée de son nom, et à la gloire de son pays…
En 1903, le docteur Jean Charcot (fils du célèbre docteur Charcot de la Salpêtrière, auteur de si beaux travaux et découvertes sur les affections nerveuses), partait à la tête d’une expédition française pour se diriger vers le Pôle Sud.
Nulle phrase n’est capable d’exprimer l’émotion que provoqua la merveilleuse odyssée du Français. Comment décrire, dans ses grandes lignes, le voyage des hardis navigateurs, leurs travaux, leurs peines, les dangers sans nombre qu’ils coururent, les luttes acharnées qu’ils soutinrent contre les éléments pendant deux longues années ! Comment redire les longs mois d’efforts continuels vécus par tous ceux qui ont participé à cette expédition, dont les résultats sont si appréciables pour la science !