En 1876, Huysmans publie son premier roman, d'inspiration ouvertement naturaliste, Marthe, histoire d'une fille, qui a pour thĂšme la vie et les dĂ©boires dâune jeune parisienne contrainte par une sociĂ©tĂ© cupide et sans scrupules Ă aller jusqu'Ă se prostituer pour survivre. Craignant la censure qui sĂ©vit alors en France, Huysmans fit dâabord Ă©diter ce roman Ă Bruxelles. Extrait : - BĂȘte, la petite, trĂšs bĂȘte, supĂ©rieurement bĂȘte, ah ! mais oui ! prendre un amant c'est bien s'il est riche ; mieux vaut sans cela garder le vieux museau de Ginginet -- pas beau, c'est vrai -- Ginginet -- pas jeune, c'est encore vrai, -- mais artiste lui ! artiste ! et elle lui prĂ©fĂšre un greluchon qui fait des vers ! un mĂ©tier de crĂšve-la-faim ! c'est clair, comme ma voix -- pas ce soir par exemple -- je suis rogomme comme tout -- ça me rappelle tout ça la chanson que je chantais Ă Amboise quand j'Ă©tais premier tĂ©nor au Grand ThĂ©Ăątre, ma gloire passĂ©e, quoi ! -- la chanson de « ma femme et de mon parapluie ». Ătaient-ils bĂȘtes, au reste, ces couplets ! comme si une poupĂ©e et un landau Ă baleines c'Ă©tait pas la mĂȘme chose ! tous les deux se retournent et vous lĂąchent quand il fait mauvais ! Eh ! Bourdeau, Ă©coute donc, je te disais que j'Ă©tais un pĂšre pour elle, un pĂšre noble qui la laissait battre de l'Ćil devant les jeunes gens riches, mais devant des pauvres, devant des raffalĂ©s comme ça, pouah ! zut ! raca !