Les nymphes ne sont pas mortes dans les bras des Dieux disparus de la Grèce antique. Elles ont réussi à survivre à l’oubli. Elles ont jeté leur long drapé qui couvrait de façon partielle leurs courbes plus que généreuses, et elles ont lâchement abandonné sur un parking d’autoroute le cœur des peintres qui leur ont donné leur immortalité. Elle sont entrées à coups de poing dans les années 2010. Elles sont ces mannequins de lingerie
fine à la poitrine débordante de couleurs, elles sont ces actrices made in Hollywood qui incarnent nos téléchargements compulsifs, ces chanteuses pop vox populi qui se trémoussent comme des strip-teaseuses entourées de tranches de jambons ou bien comme ces playmates plastifiées qui inondent sites et autres forums enclins à la testostérone. Mais derrière ces images issues du mass média ou du dernier catalogue de Taschen, se promènent dans nos villes les dernières représentantes de la nymphe originelle, la nympha moderna. Plus sensible, elle se cache de la lumière des projecteurs, à la recherche de sa personnalité, de son soi caché.
Elle ne rêve pas de vendre des pneus pour Pirelli, elle souhaite juste être elle-même dans ce monde qui semble se formater jour après jour.
La femme qui habite ce livre est une nympha moderna, une femme perdue dans son temps, hantée par les fantômes de l’absence. Elle ne rêve pas de cinéma, de musique, elle est éprise du monde qui l’entoure, de la nature qui décore sa modeste caravane, de son homme qui disparaît dans la fumée de la guerre, des évènements qui marquent sa vie. Elle voyage dans un monde muet ou la parole semble s’être envolée, ou les mots ont perdu de leur importance, un monde où en trois clicks on peut aimer ou détester quelqu’un. Elle, elle ne pleure pas devant les tragédies qui envahissent son monde, elle les surmonte les larmes au yeux.