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Regarder autrement : La non-voyance et la malvoyance

E-bog


Patrick Vincelet bouscule les préjugés sur la cécité et propose un nouveau regard sur les non-voyants

Patrick Vincelet a consulté à l'Institut national des jeunes aveugles de Paris, à l'Hôpital des Quinze-Vingts, à l'association Valentin Haüy et à l'école de chiens-guides de Paris. S'appuyant sur sa pratique, ce professeur d'université a formé de nombreux professionnels. Son enseignement sur la cécité et le regard, la sociologie du vu et du voir, l'œil et l'hystérie fut remarqué, et il a exposé sa position originale dans de nombreux colloques.

Il nous invite à regarder le handicap autrement et propose aux non-voyants et aux malvoyants des chemins d’autonomie. – Le regard partagé du non-voyant ou du malvoyant avec le voyant mérite une autre considération que celle de la bonne norme. On veut aider, il faut accompagner ; on veut comprendre, il faut écouter. Rien d'extraordinaire dans le talent de l’aveugle, rien d'exceptionnel dans l'attitude dite généreuse du voyant ; que de l'ordinaire pour poser un profond regard.

Un ouvrage complet et riche en références, adressé à tous.

EXTRAIT

La cécité n’est pas le noir ! Ce noir n’est noir que pour celui qui voit. Voilà déjà un décalage sérieux dans l’expression et l’imprécision des termes. Ce décalage est une source importante de l’incompréhension que soulignent de nombreux non-voyants aux voyants. De là à ne pas utiliser un vocabulaire commun, il y a un fossé et un sectarisme inadmissible. Ainsi, dire « voyez-vous ceci ou cela » à une personne qui ne voit pas est de l’ordre du bon sens, de la convivialité et du respect. Aucun mot de la langue, aucune expression ne doivent être tabous par peur de choquer ou de faire mal. Éviter les mots de la vue et du regard revient à tronquer la communication et l’échange, et même à différencier au-delà du handicap. Ce noir reste une énigme que l’on connaît dans les propos des personnes qui sortent du coma et des personnes opérées des yeux qui recouvrent une petite vision. Dans ces situations il n’est jamais question de noir. Certains parlent d’abîme, de trou, d’ailleurs, de voile… et même d’un autre monde.