Quand la misĂšre cubaine cesse de se faire pittoresque pour le touriste...
DES VOLUTES BLANCHES sourdaient de la forĂȘt. Le feu couvait dans la sierra et personne ne sâen souciait. Un homme longeait la baie de Baracoa par la rue du 1er avril. Costume de lin clair. DĂ©marche dâaristocrate. Des pĂȘcheurs en guenilles dĂ©barquaient leur maigres prises. Leurs femmes, mains sur les hanches, en Ă©valuaient le rapport dâun regard inquiet. Par-delĂ le fort La Punta, la fureur des vagues inondait le Malecon, ce front de mer si cher aux Cubains. Les embruns Ă©cumeux avaient dĂ©routĂ© lâhomme de sa promenade habituelle. Un mĂ©tis, qui claudiquait pour lâoccasion, lui emboĂźta le pas. Il lui conta son dĂ©nuement. En quelques mots. Sans exagĂ©ration. Lâhomme lui tendit un billet de banque. Un billet vert Ă lâeffigie de George Washington. Le mendiant tira sa rĂ©vĂ©rence, de sa casquette miteuse, dans un cĂ©rĂ©monial dĂ©placĂ©. [...]
Un touriste insouciant plonge dans la vĂ©ritĂ© cubaine au travers de la magie nĂ©e dâune Ă©coliĂšre. Franck Membribe est passionnĂ© de Cuba quâil a arpentĂ©e en recueillant la matiĂšre de ses fictions romanesques.