Un musicien raté ayant perdu son ombre bascule dans la folie.
De ma première journée passée dans le monde intermédiaire, ne subsiste plus dans ma mémoire que la vision dérisoire de la carte magnétique n°38 bis se soumettant à la pointeuse. Accessoire servile de tant d’années d’échecs. D’après le rapport de la police, on m’a retrouvé quelques heures plus tard à virevolter sous le soleil dans un jardin public, à la recherche de mon ombre perdue. Depuis le temps que ça les démangeait, les matraqueurs en uniforme me passèrent les menottes. Deux citoyens honnêtes avaient donné l’alerte. Ils faisaient une pause dans leur promenade matinale sous la frondaison d’un platane. Un vieux, une casquette incrustée sur la tête, et ce qu’il restait de sa moitié, muette comme une carpe, avait précisé le commissaire. Suivez mon regard...
Ils ont dit que j’avais étranglé Germaine avec la queue de sa souris. Et barbouillé des graffitis sur le mur du service : vive le Québec libre ! Et déféqué dans la corbeille du courrier à traiter.
Franck Membribe , catalan matinée d’helvète et réciproquement comme il se définit, nous donne présentement une histoire sombre qui ne se départit jamais d’un humour pince sans rire. Le talent de cet auteur se retrouve dans ses polars et ses romans jeunesses.