La Castille profonde, ses élevages de taureaux de combat et son passé franquiste qui pèse lourd, un retour aux sources sous haute tension...
LE RAGOUT commence à bouillir. Ana verse lentement le contenu de la casserole dans une soupière. Le manche est brûlant. Ses mains de servante ne sentent plus le chaud ni le froid. Elle empoigne les anses, se dirige vers la salle, ouvre la porte à double battant d’un coup de rein, à reculons, se présente à l’unique table occupée.
Sourires narquois. Regards fouineurs.
La crasse ordinaire.
Elle se tourne vers la fenêtre. La silhouette du patron qui l’a mariée se détache de dos, à contre-jour, dans l’encadrement. Les pales du ventilateur de plafond ondulent sa maigre chevelure. Il fume en lisant le journal et en hochant la tête.
— C’est pas trop tôt ! maugrée-t-il en écrasant son mégot avec le talon, sans se retourner.
On ne peut pas éternellement faire vivre toute une population sous la menace et dans le silence : la vérité finit par sortir, et tant pis pour les dégâts...
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