Qui nâa jamais rĂȘvĂ© dâune nouvelle virginitĂ© intellectuelle dans la fleur de lâĂąge ? Mais attention, recouvrer son identitĂ© nâest pas forcĂ©ment un cadeau...
De minuscules vagues berçaient mon corps sur le rivage. EchouĂ© dans la douceur de lâaube, je revenais Ă moi peu Ă peu. Les rayons obliques du soleil levant irradiaient tendrement Ă travers mes paupiĂšres closes. Cette sensation de voile laiteux, la tiĂ©deur de lâeau, une brise caressante, la finesse du sable quartzique au creux duquel ma tĂȘte sâĂ©tait moulĂ©e, le susurrement de la mer, tout concordait Ă mon maintien dans cet Ă©tat second. Jâaurais pu rester lĂ des heures, semi conscient, dans lâignorance totale de lâheure, du jour, du lieu, croyant ouvrir les yeux dans lâobscuritĂ© de ma chambre ou la promiscuitĂ© encensĂ©e dâun cours de yoga. Soudain une infime vibration vint troubler la quiĂ©tude de lâair. Insidieuse comme les prĂ©mices dâune rage de dents. Cette sensation dĂ©sagrĂ©able se reproduisit Ă plusieurs reprises. Elle perdura. Dâintermittente et lointaine, elle devint entĂȘtante. Un bourdonnement saccadĂ©, agressif, croissant. Le fracas dâun rotor, enfin identifiĂ©, vint dĂ©finitivement briser cette fragile harmonie. Jâouvris les yeux sur un hĂ©licoptĂšre en stationnement Ă la verticale. Ses pales brassaient mon espace vital avec une Ă©nergie furieuse soulevant des paquets de sable. Mon rythme cardiaque sâemballa. Ă ce moment seulement je me rendis compte que jâĂ©tais nu. Nu comme un ver ! Quelle Ă©tait donc cette mauvaise blague ?
Survivre au passage dâun tsunami et se rĂ©veiller totalement amnĂ©sique. Câest le point de dĂ©part dâune aventure aux multiples rebondissements. Car le retour de la mĂ©moire peut rimer avec dangers. Un suspense millimĂ©trĂ© de Franck Membribe en grande forme romanesque.
(Edition papier chez Horsain, distribution Pollen)