Les voyages ferroviaires, ces heures passées assis à croiser les doigts pour que le compagnon de voyage ne soit pas trop encombrant ni envahissant, sont souvent d'un ennui mortel. Mais parfois l’insolite s’immisce dans la routine du voyage, transformant ce qui aurait pu être un simple déplacement en une aventure extraordinaire. Aussi chacune des treize nouvelles des Chroniques du train-train quotidien correspond à un voyage où le narrateur trompe l’ennui au moyen d’interactions avec des voyageurs hauts en couleur. Enfants insupportables, sosie du Che Guevara, accro au sandwich Sodebo, tous permettent de transformer un trajet bêtement normal en aventure anormalement bête sous le signe de l’humour. C’est également l’occasion pour l’auteur d’aborder avec légèreté des thèmes sociétaux sans jamais perdre le fil du divertissement.
Dans ces Chroniques du train-train quotidien, l'auteur énonce cet aphorisme : « Le bonheur du voyageur ferroviaire se définit en creux. Il désire juste l’absence d’éléments perturbateurs, rien de plus. Le voyageur est un bouddhiste qui s’ignore. » Et c’est pourtant l’aptitude incomparable d’Antoine Lefranc à trahir cet aphorisme qui va déclencher le tout de notre bonheur de lecture. Faire l’ordinaire devenir extraordinaire juste en le regardant autrement... tel est ce qui nous arrive ici, à chaque nouvelle, à chaque page.