En 1980, après le décès de mon père, Joseph Georges Cohen, qui fut pendant la guerre membre et secrétaire de l’Organisation Juive de Combat, je trouvai dans la cave de notre maison familiale des milliers de documents concernant la Résistance juive à Toulouse et dans la région. Il y avait les récits de la résistance armée et des documents concernant les secours apportés quotidiennement à des personnes isolées, persécutées ou cachées, ainsi qu’aux internés des camps du Vichy.
J’étais dans l’ignorance, mais j’avais senti comme un appel, un murmure, à faire quelque chose.
Faire quelque chose de cette mémoire, c’est l’arracher à l’horreur, à la fascination de l’horreur. Pour transmettre. Non pas le poids pur et simple des choses. Mais le fil de la responsabilité. Notre responsabilité. Pour que cela ne se reproduise plus.
Il me fallut entrer sur un chemin de connaissance, et je devins comme ces petits enfants dont il est dit, selon le Talmud, que le monde existe dans leur souffle quand ils vont apprendre à l’école.