« Le comte Maréchal n’en peut plus. La charge maintenant l’écrase. Trois ans plus tôt, quand on le pressait d’assumer la régence, quand il finit de guerre lasse par accepter, devenant “gardien et maître” de l’enfant roi et de tout le royaume d’Angleterre, il l’avait bien dit et répété : “Je suis trop vieux, faible et tout démantibulé”. Quatre-vingts ans passés, disait-il. Il exagérait un peu, ne sachant pas très bien son âge. Mais qui le savait à l’époque ? Dans la vie, l’importance allait à d’autres dates que celle de la naissance. » G.D.
À travers l’histoire et l’analyse de la vie de Guillaume le Maréchal, proclamé « le meilleur des chevaliers », Georges Duby reconstitue le théâtre de la chevalerie, l’art du tournoi, les rites de la guerre, et la place des femmes dans ce monde d’hommes où « nous commençons de découvrir que l’amour à la courtoise, celui que chantaient, après les troubadours, les trouvères, l’amour que le chevalier porte à la dame élue, masquait peut-être bien l’essentiel, ou plutôt projetait dans l’aire du jeu l’image invertie de l’essentiel : des échanges amoureux entre guerriers ».