Que peut-on trouver dans La bibliothèque des torsions, le plus récent recueil de Éric Roberge
qui paraît aux Écrits des Forges?
Un loup crucifié lune
un corbeau goudronné d’infini
une plaine rapide d’asphalte
respirent à l’envers du monde
les énigmes sont nombreuses
Au lecteur de trouver un sens, écrit le poète : « la sueur est une matière/ disponible/
en plusieurs copies/ à la bibliothèque des douleurs ».
L’adepte de vélo de montagne et ultra-marathonien qu’est l’auteur tisse dans son recueil la toile des sensations. Il établit le réseau des souvenirs imprégnés dans les muscles et dans les organes de son narrateur. Et les rend en images vives, intenses. Ici, tout se déroule à l’aune de l’extrême vitalité. Les amours, les plaisirs et les douleurs, tout est mesure quantifiable :
Il y a une ruine
dans le baiser
dans l’étreinte
des sites archéologiques
difficiles d’accès
des pieds momifiés
dans un bain de glace
des chevilles attaquées
par des guêpes
un dimanche matin
tout le corps
est sans importance
Surtout, le narrateur de ces poèmes consent à ce que le sel de ses efforts soit « un couteau/ qui bave océan/ il interprète vos souvenirs/ logés loin dans votre peau ».