Jean Marin, devenu conseiller d'État par piston, se pavane dans les rues de Paris fier de sa position et distribuant des lettres de recommandation à tout-va.
Un jour de pluie, Jean rencontre par hasard un abbé pressé par une affaire de justice. Jean lui prête son parapluie volontiers, et lui écrit une lettre de recommandation destinée au Conseil d'État.
Le lendemain matin, les journaux annoncent qu'un abbé nommé Ceinture est convoqué au conseil d'État pour avoir comploté contre le gouvernement.
Parue dans le recueil «Toine» en 1886, la nouvelle dresse le portrait des politiques pistonnés et corrompus par leur fierté.
Guy de Maupassant (1850-1893) est un écrivain et journaliste français né au bord du littoral normand. Sa mère, douée d’une grande culture littéraire, participe à son éducation tournée vers les livres. Il passe le reste de son temps dans la campagne ou les ports, à converser avec pêcheurs et paysans qui lui serviront d’inspiration plus tard pour quelques personnages. À 12 ans, il est envoyé en pension où la religion, très présente, anime en lui un dégoût pour le sacré. Après le lycée, il est mobilisé en 1870 pour la guerre contre la Prusse. Un an plus tard, il fait ses bagages pour Paris où il y travaille comme fonctionnaire au Ministère de la Marine pendant 10 ans. En février 1875, il publie son premier conte, «La Main écorchée». Maupassant est très vite ennuyé par l’administration. Le soir, il travaille d'arrache-pied à ses œuvres littéraires ; et aux alentours de 1880, il se consacre pleinement à sa passion. C’est Flaubert qui l’introduit au monde de la littérature professionnelle. Il rencontre des auteurs réalistes, Zola, et les frères Goncourt. Maupassant fait un départ lent, mais il connaît bientôt le succès avec «Boule de Suif». Avec Zola qu’il côtoie aux Soirées de Médan, s’ensuivent de nombreuses nouvelles, toutes plus cultes les unes que les autres: «La ficelle» (1883), «La parure» (1884) ou «Le Horla» (1887). Il publie aussi des romans réalistes: «Une vie» en 1883, «Bel-Ami» en 1885 et «Pierre et Jean» en 1888. Guy de Maupassant, reconnu de son vivant, l’est aussi dans la mort: de nombreuses adaptations à l’écran renouvellent encore aujourd’hui ses œuvres intemporelles.