Fiction ou réalité, un auteur de polar est en plein trip... Une mise en abyme piégeuse...
ÇA FAISAIT LONGTEMPS qu'il n'avait pas croisé sa gueule dans un miroir. Un temps. Immobile. Puis je lève le nez de mon clavier et relit la dernière phrase que je viens de taper. Les yeux me piquent. Sur l’écran, cette phrase est déjà morte, je le pressens. M’est avis qu’elle frise le poncif, j’ai déjà lu mille fois ce genre de phrase, je l’ai déjà écrite autant de fois. Une impression ? À quoi est-ce dû ? Je ressens un grand coup de mou dans ma corde à nœud, depuis hier. Dans le mental. Pour le reste, j’ai la tremblote, je devrais modérer le Redspeed. Elle monte, la crise, je la sens qui m’escalade. La proximité de l’échéance en est la cause, comme chaque mois, lorsque la date à laquelle je dois livrer approche et qu’il me reste encore deux cents pages à tartiner. Quitte à cuisiner une daube, autant qu’elle ait un peu de goût.
Qui est finalement le héros de cette nouvelle ? L’écrivain ? Son personnage ? ou encore un troisième larron caché en embuscade dans la chute qui vous retourne l’affaire comme une crêpe ? Max Obione pousse l’art de la nouvelle à son paroxysme dans son style si délicieusement hard-boiled à la française.