Paul Féval (1816-1887)
"Un soir de novembre, un soir de dimanche, le bon capitaine Paddy O’Chrane était attablé devant un gigantesque verre de 'grog dans le parloir de la taverne de Crown’s Arms. Comme il y a dans Londres un demi-cent de tavernes qui portent pour enseigne les Armes de la Couronne, nous ne croyons pas inutile de spécifier que l’établissement dont nous parlons ouvre ses quatre fenêtres, ornées de rideaux rouges, et sa porte qui surmonte un raide perron de cinq marches, dans Water-Street, au quartier de la Tour. Quant au capitaine Paddy, c’était un Irlandais de six pieds de long sur six pouces de diamètre, vêtu d’un frac bleu à boutons noirs, d’une culotte chamois, bouclant sur des bas de filoselle, et chaussé de larges souliers non cirés.
De l’autre côté du parloir(1) s’asseyait un homme d’une quarantaine d’années à la physionomie honnête et calme. Il portait un costume décent, sans prétentions à l’élégance, mais éloignant toute idée de gêne. Ses yeux, immobiles et dilatés, avaient le regard fixe des yeux qui ne voient plus. Il venait parfois à la taverne, où il était connu sous le nom de Tyrrel l’Aveugle. Mistress Burnett, la souveraine de céans, dont le trône était naturellement dans le comptoir, venait à de rares intervalles dire un mot gracieux au capitaine Paddy, qui, très évidemment, était un habitué de la maison.
Une fille de taverne se tenait debout entre les deux portes.
Cette fille eût gagné une fortune à ne rien faire, au temps où les artistes étaient des princes et payaient leurs modèles au poids de l’or. Elle était admirablement belle"
Londres dans les années 1840. On ne parle que du marquis de Rio-Santo. Personne ne sait d'où il vient et il fascine ces dames de la haute société. Il mène un grand train de vie et les millions coulent à flot ! Mais il est surtout le mystérieux chef d'une organisation de malfrats nommée "les gentilshommes de la nuit"... Qui est-il vraiment ? aristocrate... voyou... assassin... rebelle ?
Roman en trois tomes.