Avant de devenir outil des politiques migratoires, l’expulsion a été pratiquée par les empires et a accompagné la naissance des États-nations. De nos jours, les interrogations ou les critiques quant à cette pratique « ordinaire » se focalisent, pour la plupart, sur les conséquences de son usage, jugées excessives. Comment comprendre cette normalisation et comment la dépasser pour pouvoir travailler à une compréhension sociologique de l’expulsion des étrangers ? Quels sont alors les moyens mobilisés en France, en Suisse et en Turquie, les trois pays sur lesquels cette étude se concentre, pour expulser les étrangers ? Quelle place y occupe la contrainte ? Comment expliquer l’écart entre le nombre de décisions d’expulsion et celui des personnes effectivement renvoyées ? Dans quelle mesure les étrangers essaient-ils de contester leur expulsion ? Quels sont les stratégies et les moyens qu’ils mobilisent pour le faire ? Voici quelques questions auxquelles cet ouvrage fournit des éléments de réponses, sur la base d’une enquête de terrain approfondie réalisée en France, Suisse et Turquie. Ce faisant, il démontre la complexité du phénomène étudié, contrairement à la conception dominante simpliste, et plaide pour une sociologie de l’expulsion, obligatoirement interdisciplinaire.