Robert Gaborieau devint Ingénieur, puis manager, alors que rien ne l’y prédisposait particulièrement. Etant l’aîné d’une famille croisée après la seconde guerre mondiale, d’une paysannerie limousine pauvre et d’une bourgeoisie vendéenne ruinée, enfant de la banlieue, livré à lui-même, il avait tout dans la vie pour mal finir.
Se hisser au niveau qu’il avait pu atteindre, avait demandé de la volonté et beaucoup de sacrifices. Dès son plus jeune âge, alors qu’il était doué pour les arts et la communication, au lieu de développer ces qualités, il les enfouit au plus profond de lui même. Il lutta toute sa vie contre sa nature, pour obtenir quelques réussites sociales durement acquises et il eut de nombreux échecs qui le précipitèrent à chaque fois dans la fosse. Mais il en accepta le prix, remontant sans cesse des abysses, pour se hisser à nouveau en haut de la pyramide, et il sacrifia tout à l’argent, à la reconnaissance sociale et au pouvoir.
Dès les premières années où il commença à pratiquer son métier, j’ai immédiatement pensé à ce conte d’Alphonse Daudet: L’homme à la cervelle d’or , des lettres de mon Moulin. Non pas qu’il fut plus intelligent que la moyenne, ni qu’il fut victime d’une épouse, il n’avait pas ces excuses. Je crois qu’il s’est inconsciemment auto infligé les souffrances de ce type d'homme toute sa vie, tant il est vrai qu’il fut moulé par le creuset de son enfance.
Robert Gaborieau perdit tout, puis il eut la chance, de pouvoir tout reconstruire encore une fois : autre vie, autre couple, autres enfants, autre lieu. Même si il tenta jusqu’au bout de garder un amour de ses premiers enfants, réciproque sinon intact, même si il prit du recul avec le mirage social, il resta toujours incorrigiblement en panique d’argent. C’est son histoire, que spectateur de sa vie, j’ai tenté de raconter au travers de ce livre.