sans ponctuation ni majuscule
bien évidemment
puisque nous n’y sommes pas
n’y vivons pas
encore
puisque de la grammaire
nous avons largué
les amarres
puisque cela parle du temps
Il y a dans la poésie de Thierry Noiret une recherche de dépouillement, une aspiration à la liberté, une fraîcheur textuelle. Dépouillée, son écriture reste articulée et construite, sans pour autant négliger la dimension automatiste susceptible de se manifester ici et là. Si les majuscules sont abandonnées, en un geste rituel assumé, c'est notamment pour éviter d'établir des distinctions normatives qui découleraient de conventions orthographiques héritées plutôt que de priorités plus intimes et plus concrètes, émanant du texte même ou des souvenirs qui y affleurent. Se verbalise ici le flux textuel, le jeu des rythmes, l'organisation chantante des thématiques. Le tout se fait avec naturel, une sorte de paix des sons et des sens. Au fil de la lecture, on sent s’amplifier le sentiment de découvrir un texte à la fois pur, simple, net, frais... mais aussi profondément vécu et mûri. De toute beauté.