Summer evening prend comme point de départ le tableau homonyme du peintre américain Edward Hopper, où un homme et une femme bavardent un soir d’été sous la véranda d’une villa. De ce tableau, qu’il convient de garder constamment en mémoire et « où il ne se passe rien », Javier Vicedo Alos tire neuf récits, en imaginant ce que peuvent se dire et se raconter ces êtres énigmatiques, protagonistes de vies de solitude, de nostalgie, de rendez-vous ratés qui se brisent pour une raison ou une autre. Chacun renferme une infinité de mondes, mélange d’impuissance et de bonheur, de rage et de faim, soumis irrévocablement au hasard de la vie.
La dramaturgie y relève tant du champ poétique et pictural que dramaturgique. Il empreinte la nature et la technique de l’ekphrasis, qui est une description hypnotique précise et détaillée d’un tableau.
Les personnages rêvent de bonheur, de se relever, de marcher sur la toile, de se toucher. « Nous n’existons que dans la tête de Hopper, nous ne sommes qu’un prétexte », se révolte l’un d’eux mais « le peintre ne maîtrise pas ses personnages et en fin de compte, peu importe ce que voulait Hopper, les histoires surgissent d’elles-mêmes selon leurs propres chemins hors de la toile. » Il est alors bien vrai que la folie guette notre immobilité.