Le père de Simon Wuhl, Isacher, pris dans la rafle du Vél' d'Hiv', a été déporté et mort à Auschwitz. Simon Wuhl qui n'avait que 23 mois, et sa mère Rébecca, raflés également, ont été relâchés de justesse car l'enfant n'avait pas deux ans.
Au-delà du récit de cette tragédie familiale, l'auteur poursuit un double objectif :
1. Restituer la vie intense de son père avant la Shoah. Isacher en effet, a vécu une existence de juif sécularisé, engagé dans les combats de l'émancipation pour les Juifs et bien au-delà, lors de trois périodes : Dans la Pologne des années 1920 d'abord, en intégrant le mouvement des sionistes de gauche. Dans la Palestine des années 1930 ensuite, sous mandat britannique, travaillant comme ouvrier du bâtiment dans un kibboutz où il a rencontré la mère de l'auteur ; il s'est alors radicalisé politiquement comme militant communiste. Dans la France de l'avant-guerre enfin, où les parents de l'auteur, attirés par l'évènement du Front populaire pensaient ne rester qu'un an ou deux, avant d'être rattrapés par la guerre et la Shoah.
2. Rendre compte des difficultés matérielles à vivre et à survivre dans la France d'après-guerre, pour la mère de l'auteur surtout, et montrer que les conséquences de la Shoah se sont prolongées bien au-delà de la fin de la guerre.
Par ailleurs, l'auteur accompagne le récit d'un certain nombre de réflexions sur le comportement de la police de Vichy et d'une administration pourtant issue de la troisième République; sur l'atmosphère de déni dans la France des années 1950 et 1960, d'une guerre dans la guerre, celle de l'extermination des Juifs ; et, au plan plus personnel, l'impact de la Shoah sur ses difficultés d'intégration et d'une vie sociale normale dans sa jeunesse notamment.