Découvrez un autre numéro en version numérique de la revue littéraire belge Marginales
Heureuse Europe, fière de ses accomplissements. Vous vous êtes rassemblée, trop soucieuse d’abolir les conflits qui vous avaient tant tourmentée. Vous vous êtes dotée de ces institutions que les hommes ont conçues pour formaliser les différends, atténuer les différences, rassembler les énergies pour mieux marcher de front.
Vous avez, peu à peu, aggloméré les bonnes volontés et même converti les brebis égarées, ou plutôt confisquées par l’ours tyrannique qui avait, il est vrai, contribué à éliminer les loups qui vous avaient terrorisée. Vous ne cessiez d’afficher votre volonté de serrer les rangs, de justifier votre étendard étoilé et l’hymne à la joie choisi comme chant de ralliement. Pourquoi s’étonner que vous suscitiez les envies, les appétits, les ambitions ?
Heureuse Europe, détentrice de grandes conquêtes. Nourrie de votre histoire, de ses lumières et de ses ombres, vous vous êtes prémunie de ce que furent vos cauchemars. Les conflits de conviction, les guerres de religion qui furent vos grandes déchirures, qui se traduisirent par des rafles, des massacres, des désordres trop souvent meurtriers. Peu à peu, vous avez apaisé ces conflits, en instituant le plus important des schismes : celui qui distingue l’Église et l’État, séparant ce qui revient à Dieu, qui est de l’ordre de la conscience, et ce qui appartient à César, qui relève de la morale publique. Ce règlement-là, il ne s’obtint pas de façon pacifique, loin de là, il mit des siècles à s’imposer, coûta des vies, fractura des peuples.
Des nouvelles inspirées par la thématique de l’Union Européenne avec des écrivains comme Yves Wellens, Liliane de Schraûwen ou encore Jean-Pol Baras.
À PROPOS DE LA REVUE
Marginales est une revue belge fondée en 1945 par Albert Ayguesparse, un grand de la littérature belge, poète du réalisme social, romancier (citons notamment Simon-la-Bonté paru en 1965 chez Calmann-Lévy), écrivain engagé entre les deux guerres (proche notamment de Charles Plisnier), fondateur du Front de littérature de gauche (1934-1935). Comment douter, avec un tel fondateur, que Marginales se soit dès l’origine affirmé comme la voix de la littérature belge dans le concert social, la parole d’un esprit collectif qui est le fondement de toute revue littéraire, et particulièrement celle-ci, ce qui l’a conduite à s’ouvrir à des courants très divers et à donner aux auteurs belges la tribune qui leur manquait.
Marginales, c’est d’abord 229 numéros jusqu’à son arrêt en 1991. C’est ensuite sept ans d’interruption et puis la renaissance en 1998 avec le n°230, sorti en pleine affaire Dutroux, dont l’évasion manquée avait bouleversé la Belgique et fourni son premier thème à la revue nouvelle formule. Marginales reprit ainsi son chemin par une publication régulière de 4 numéros par an.
LES AUTEURS
Luc Dellisse, Françoise Pirart, Rose-Marie François, Elise Bussière, Michel Torrekens, Marc Guiot, Yves Wellens, Daniel Simon, Jean-Baptiste Baronian, Jean Jauniaux, Philipp Remy-Wilkin, Alan De Kuyssche, Liliane Schraûwen, Jean-Pierre Berckmans, Corinne Hoex, Alain Dartevelle, Marc Meganck, Nicole Verschoore, Isabelle G, Véronique Bergen, Martine Depret, Anatole Atlas, et Jean-Pol Baras.