Suivez deux personnages particuliers, des enfants qui tentent de survivre et de combattre l'ennui à Mondelaid. D'un côté, une fille mûre et responsable, de l'autre, un garçon crasseux et paumé.
La survie n’est qu’une succession d’opportunités à vivre. Se battre, comme il le fait lui, contre les coups de dent et de couteau, contre le canif et le fil de fer ; ou comme elle le fait elle, contre la tristesse et le manque de surprise, contre l’abandon et ses seins qui poussent, est un ennui pesant pour leurs seules épaules.
Il n’y a ni terre ni capitale précise, plutôt un Mondelaid avec des patelins et des grandes villes où les identités se définissent par leurs contenants : des dames gentilles, des hommes grands, des parents junkies aux crânes rasés. Cependant, nous connaissons deux prénoms : (le sien à elle) Margarita ou Marga ou Magui, mûre et responsable, elle offre son sexe et se sent perdue. Son petit papa n’est pas là. Sa petite maman déprime. (Le sien à lui) Lécumberri, Antonio ou Lécou, crasseux et paumé, se bat bec et ongles pour survivre dans un terrain vague, subsister et résister à la bêtise et à la fadeur. Ils ne se rendent pas compte que, malgré leur paquet de défauts, ils sont l’unique preuve que Mondelaid n’est pas dépourvu d’un peu de tendresse.
À Mondelaid, aucune joie ne dure plus d’un instant, aucun avantage ne dure longtemps, chaque jour s’assombrit invariablement, tout devient noir ; néanmoins, les enfants, n’ayez pas peur, car rien n’est véritablement important, rien ne sert vraiment, rien n’est crucial.
Pablo Gutiérrez nous livre, avec habileté et un nouveau langage, une pureté que nous n’avions jamais lue auparavant. Avec ce roman, il a reçu le Premio Ojo Crítico en 2010. La revue britannique Granta le classe parmi les 22 meilleurs jeunes auteurs de langue espagnole.
Avec ce roman dystopique qui conte la survie difficile de deux enfants, Pablo Gutiérrez nous livre, dans un nouveau langage, une pureté et une originalité uniques !
EXTRAIT
Je rêve de toutes ces choses, plongé comme un naufragé dans les ondulations de la toujours-allumée. Le creux du canapé est ma couveuse, il me protège ; le canapé est la cosse où je vis, la toujours-allumée est la lampe qui me tient chaud, la fenêtre est la vitre glacée, le point de fuite vers lequel les yeux se projettent, même si je serre les tempes pour qu’ils restent braqués dans ce rectangle de vingt pouces, ils se perdent. Au travers, je perçois le palpitement du monde, son battement visqueux, la corde des vies tenues par la douleur et la peur, monde laid et hostile comme un hérisson, monde plein à craquer d’horribles histoires du quotidien, gouffres sous-marins parfois traversés par des êtres lumineux.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
[...] le deuxième roman de l’Espagnol Pablo Gutiérrez parvient à inventer un extraordinaire langage usant du regard d’enfants mutants à bien des égards pour décrire un univers baroque qui est pourtant assurément le nôtre, celui de l’Espagne contemporaine. Les héros de ce conte acide – et pourtant curieusement nimbé, tout au long, d’une rare et authentique tendresse – sont en effet deux enfants : Margarita (ou Marga, ou Magui) et Lécumberri (ou Antonio, ou Lécou). - Blog Charybde 27
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pablo Gutiérrez est né à Huelva en 1978. Il a étudié le journalisme à Séville. Il a obtenu le Prix Tormenta qui salue le meilleur nouvel auteur de langue espagnole avec son premier roman Rosas, restos de alas. En 2001, il est finaliste du Prix Miguel Romero Esteo de dramaturgie avec la pièce de théâtre Carne de cerdo. La revue britannique Granta le classe parmi les 22 meilleurs jeunes auteurs de langue espagnole. Il vit à Cadiz où il est professeur de littérature.