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De l'esclavage moderne : suivi de Lamennais et sa philosophie de Louis Binaut

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« Le capitaliste et le prolétaire sont donc entre eux, de fait, à peu près dans les mêmes relations que le maître et l'esclave des sociétés antiques : aussi le mot même est-il resté ; on dit le maître et l'ouvrier, et l'on dit très vrai. »

"L'Esclavage moderne" de Félicité Robert de Lamennais est un essai percutant qui dénonce avec véhémence les injustices sociales de son époque. Écrit en 1839, ce texte est une critique acerbe de la société industrielle naissante, où Lamennais compare la condition des ouvriers à une forme d'esclavage déguisé.

Lamennais, qui fut un prêtre, philosophe et fervent défenseur des droits de l'homme, s'attaque ici à l’exploitation des travailleurs, réduits à une existence misérable par le capitalisme naissant. Il décrit comment les prolétaires, enchaînés par la pauvreté et la nécessité, sont forcés de vendre leur travail à des maîtres économiques tout aussi oppressifs que les propriétaires d'esclaves d'autrefois. Loin d’être libres, ces travailleurs sont prisonniers d’un système qui les prive de dignité et de justice, les réduisant à l’état de simples instruments de production.

"L'Esclavage moderne" est un texte visionnaire, car il anticipe les critiques du capitalisme qui se développeront plus tard, notamment avec Marx. Lamennais y exprime une profonde compassion pour les opprimés et un désir ardent de justice sociale, prônant une société où la fraternité et l'égalité seraient enfin réelles. Son œuvre, bien que marquée par un ton prophétique, reste d'une actualité saisissante, invitant à réfléchir sur les formes modernes d'asservissement et sur la lutte continue pour la dignité humaine.

Ce texte, à la fois engagé et profondément humaniste, est une lecture essentielle pour quiconque s’intéresse aux enjeux sociaux et à l’histoire des idées, offrant une réflexion percutante sur les mécanismes d'oppression toujours présents dans nos sociétés contemporaines.EXTRAIT : « Et ce peuple esclave, de qui se compose-t-il ? Non plus seulement des prolétaires, des hommes dépourvus de toute propriété, mais de la nation entière, à l'exception de deux cent mille privilégiés, sous la domination desquels se courbent honteusement trente-trois millions de Français, véritables serfs de cette époque, puisque leurs seigneurs et maîtres à deux cents francs d'imposition, seuls investis du droit de participer à la confection de la loi, disposent d'eux, de leur personne, de leur liberté, de leurs biens, au gré de leurs caprices, et, bien entendu, selon leur intérêt exclusivement propre. Après un demi-siècle de lutte contre la tyrannie féodale et royale, après tant d'efforts et de sacrifices, tant de combats pour affranchir l’humanité d'un joug écrasant, voilà où nous en sommes.

Peuple, peuple, réveille-toi enfin ! Esclaves, levez-vous, rompez vos fers ; ne souffrez pas que l'on dégrade plus longtemps en vous le nom d'homme ! Voudriez-vous qu'un jour, meurtris par les fers que vous leur aurez légués, vos enfants disent : Nos pères ont été plus lâches que les esclaves romains. Parmi eux il ne s'est pas rencontré un Spartacus ! »

Texte intégral suivi de Lamennais et sa philosophie par Louis Binaut .