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Le sang des uniformes : Roman historique

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Entre l'armée allemande et l'armée française, les jeunes Alsaciens doivent choisir...

Ils sont issus d’une même famille originaire d’Alsace que la guerre de 1870 sépare et que celle de 1914 oppose.

Henri, 19 ans, est soldat dans l’infanterie allemande. Comme plusieurs de ses camarades, il est natif d’une vallée des Vosges alsacienne et il sera opposé aux forces anglaises. Charles, qui a passé son enfance dans le Gard, est capitaine dans l’armée française. Chacun d’eux connaîtra la douloureuse expérience des champs de bataille, des aubes de fer, des pluies d’obus, de la fureur des engagements et de la fragilité de la vie.

L’histoire romancée de leur vie, du Tonkin au Nord de la France, avec leurs pensées, leurs désirs blessés de fraternité et de partage avec tous les hommes, librement interprétée sur la base de souvenirs familiaux et d’archives, porte le témoignage d’une tragédie humaine et familiale qui n’est pas moins la conséquence revancharde de la guerre de 1870.

Le récit poignant d'une famille alsacienne déchirée par la guerre.

EXTRAIT

Neuve-Chapelle, 1915

Sous le ciel bas de ce matin glacé de février, deux formes allongées dans le lit marneux de la terre se dissimulaient derrière le parapet de la tranchée ainsi que des statuettes de glaise figées dans la rétine du temps. Elles semblaient tenir le monde au bout de leur fusil. Ne venaient-elles pas de surprendre un mouvement suspect, en face ? Une sensation pénétrante et mortifère de vulnérabilité venait les asservir, les saisissant dans sa gueule, les portant à concentrer toute leur attention sur un pauvre petit bout de terre ravagé, questionnant son relief crevé d’entonnoirs, leur trouble bondissant comme des couteaux dans la poitrine. Ces moments d’extrême tension usaient les hommes, les attachaient à la sécheresse des solitudes que pouvaient abreuver des déluges de fer, les emprisonnant dans leur attente.

Mais tout tardait à venir, rien ne se passait, là, en face, rien ne se décidait, rien ne se redressait pour venir les frapper d’un redoutable coup de faux. Était-ce une feinte ? Alors, lentement, à force de ne rien entendre d’autre de plus ordinaire que le chant continu des tirs qui marchait sur l’horizon, on se mettait à porter devant soi le rêve fou d’espérance que les choses pourraient bien rester ainsi jusqu’à la fin de la guerre.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Denis Leypold est docteur en histoire et responsable scientifique au Musée de minéralogie de l’Université de Strasbourg. Fils et petit-fils de forestier, il se passionne pour la nature, la poésie, la photographie, l’histoire et l’architecture médiévale, ainsi que pour l’écriture à laquelle il a consacré son premier roman Johann de Salm publié en 2013, et un ouvrage d’art Églises - Kirchen, voyage photographique - eine Fotoreise en 2014, puis Le manuscrit de Wittenberg ; L’écuyer noir en 2016 ; Le chant de Livia en 2017 chez Ex Aequo. Né en Alsace en 1953, il vit près de Strasbourg.