... « Au contraire, je sais exactement ce que je dis. Vous aimez monologuer ? Vous aimez discourir ? Moi aussi. Je me rappelle l’un de vos discours d’ailleurs, sur le sens de l’Histoire. C’était à l’époque des élections présidentielles que vous avez d’ailleurs perdues. Un très beau discours, il m’inspire. Je vais vous raconter une histoire toute bête, Monsieur le Ministre, sur le sens de l’Histoire. Vous, dans vos meetings, souvent, vous aimez parler du sens de l’Histoire. L’Histoire d’hommes différents, mais semblables : Luther-King, Gandhi, Mandela, Savonarole, Jésus. Tous pacifistes, tous ont appelé à l’amour, à la paix, à la compassion, à la concorde. Ce qui les rassemble ? La balle, le feu, la prison, la croix. Quatre condamnations pour cinq noms synonymes de paix. C’est drôle, ça me fait l’effet de talons de bottes qui claquent. La balle, la prison, le feu, la croix, on croirait entendre un slogan du troisième Reich. C’est ça, le sens de l’Histoire. C’est le sens qu’ordonne celui qui tient le couteau. Le sens de l’Histoire, c’est moi. Demain, je cesse de payer la CAAP, demain j’appelle la presse, et je m’arrange pour que les parias soient lâchés comme des fauves dans les rues. Ça ne me coûtera que quelques mots. Vous voyez ? Moi aussi, je sais les armer. Les mots ne bloquent pas les balles, mais ils peuvent tuer. Ni la France, ni l’Allemagne, ni personne ne régnera sur le Bannissement Social et vous aurez vingt mille Gardiens en furie à gérer dans ce pays. Si ce n’est pas dans toute l’Europe pour peu qu’ils se réunissent. J’en ferais les victimes d’un système que vous cautionnez pour ne plus avoir à négocier avec le peuple que vous prétendez gouverner. Je vous renverrai au visage, le sens de l’Histoire. Je suis, le sens de l’Histoire, Monsieur le Ministre. Alors Monsieur le Ministre, permettez-moi de vous reposer la question. Puis-je compter sur votre indéfectible soutien, à vous et ceux de votre caste, dans la partie qui va se jouer contre nous à Bruxelles ? »...