Delly
Jeanne-Marie Petitjean de La Rosière (1875-1947)
Frédéric Petitjean de La Rosière (1876-1949)
"Un matin de juin, Mme Barduzac entra dans ma chambre, où je terminais une des pièces de mon trousseau. Elle s’assit dans mon unique fauteuil, et le pauvre, qui n’était pas neuf, gémit sous le poids respectable de la femme de mon tuteur.
– Il nous arrive une chose ennuyeuse, Gillette.
Je demandai sans m’émouvoir :
– Quoi donc, madame ?
– Les Samponi donnent une matinée dans quinze jours et nous invitent.
– Les Samponi ? En voilà une idée !
Ma voix prenait une intonation de dédain qu’accentua une moue légère.
– Mais c’est une bonne idée ! Ils cherchent à marier leurs filles, ces gens !
Je n’ignorais pas qu’il suffisait qu’une opinion, un goût ou une antipathie fussent exprimés par moi pour que, immédiatement, Mme Barduzac fût d’un avis contraire. Les Samponi, d’origine italienne, bavards, indiscrets et quelque peu excentriques, ne lui plaisaient guère. Mais du moment où je semblais faire fi de leur matinée, ils lui devenaient aussitôt chers."
Gillette d'Arbiers, orpheline et subitement ruinée, fuit, à sa majorité, une tutelle odieuse. Faisant preuve de courage et de ténacité, elle décide de s'installer dans une métairie délabrée en Vendée qu'elle a héritée autrefois, et d'apprendre les travaux de la ferme pour subvenir à ses besoins et prendre en main son destin...
