Ce texte enregistré en lecture publique le 24 novembre 1991, au théâtre de La Métaphore à Lille, est paru dans la Bibliothèque des voix, dans une lecture à trois voix de Nicole Garcia, Christèle Wurmser et Daniel Mesguich.
« Le goût du mot assassin dur et doux
dans la bouche,
il faut pouvoir le dire, le goûter
On pourrait le sertir,
le monter comme une pierre
À l’anneau de la main,
Comment en est-on venu à le traiter
Comme un mot étranger ? L’assassin
L’accessoire essentiel du théâtre,
l’as de nos tragédies
Pourrais-tu m’expliquer
ce tour de passe-passe
Au théâtre, l’être humain est
un assassin
En réalité l’assassin
s’appelle être humain
Je me demande pourquoi nous
appelons théâtre
le théâtre seulement, mais pas la vie
Et saurais-tu me dire pourquoi
nous craignons tant
de voir ce que nous ne craignons pas
de faire
Le crime commence au petit déjeuner
Entre les tartines les poignards, le soir
Nous étouffons le meilleur de nous
Sous un oreiller,
je ne sais pas combien d’enfants. » H. C.