Auguste Gilbert de Voisins (1877-1939)
"Sylvius Persane avait mille raisons d’être content de lui-même. La première était qu’il faisait beau. On s’attribue volontiers les grâces que l’on estime chez autrui et l’agrément de la nature est un motif d’être avantageux. Aussi bien la tiédeur admirable de l’air, l’aménité du vent et le ciel turquoise donnaient-ils, ce jour-là, un plaisir d’autant plus vif, qu’à Paris les après-midi de février sont trop souvent glaciales. Autre raison : Sylvius Persane se sentait jeune. Le matin même, il s’était trouvé au miroir de son porte-manteau, du teint et de la mine. Ses vingt-cinq ans avaient tout à fait bonne allure. Étroitement pris dans un veston de coupe juste, avec une face fraîche, de grands yeux bleus, un casque de cheveux blonds et ce peu de moustache qui relevait la lèvre, Sylvius figurait fort bien l’adolescent délicat, rêveur, curieux de tout, mais qui tâche à ne point se commettre ni se crotter. Aussi marchait-il sur les Champs-Élysées avec un petit air de coq vainqueur où il y avait aussi un peu de la satisfaction du paon qui se déploie."
"Le roman que j’ai le très grand honneur de vous présenter ici aurait de quoi vous surprendre avant de vous charmer, si quelqu’un ne se hasardait pas à vous l’expliquer tout d’abord. En deux mots, voici comment : c’est une intrigue entre jeunes gens contemporains et personnages fabuleux...." (Pierre Louÿs)