(0)

Ame blanche : Roman

E-kirja


Séparée de sa mère à la santé mentale fragile, Évangeline est élevée chez son grand-père mais ne réussira jamais à trouver sa place.

Alors qu'elle n'est encore qu'une enfant, le père d'Évangeline meurt au Congo. Sa mère, qui se sent responsable de cette disparition perd la raison et est internée. Évangeline est recueillie par son grand-père paternel, dans un foyer hostile à sa mère. Évangeline ne parviendra jamais à s’y sentir chez elle.

Un roman émouvant où flotte l'âme d'une petite fille, un peu perdue, naïve et pure. Celle d’Évangeline ou celle de Marguerite elle-même ? Des âmes blanches...

Découvrez le plus émouvant des romans, celui qui offre le plus d'espoir, de Marguerite Van de Wiele, femme de lettres belge et féministe avant l'heure.

EXTRAIT

C'était à celui d'entre eux qui flatterait l'oncle à l'endroit le plus sensible : ses nièces et petites nièces lui brodaient des pantoufles et des bonnets grecs ; il devait à une attention de Paul - qui était en relations d'affaires avec la Russie - le délicieux kûmmel gardé dans l'armoire de son cabinet et dont il nous régalait parfois le dimanche..., enfin, Louis, Jacques et Staaf lui offraient, pour sa bibliothèque, des volumes scientifiques d'éditions rares reliés en veau, marqués à son monogramme. L'accolade de mon aïeul rendait ces gens rouges de bonheur; on mangeait avec componction les frugales petites choses servies avec tant de raffinement dans la salle à manger d'apparat. Et aux premières paroles du speach, toujours le même : banal merveilleusement et creux avec beaucoup d'éclat, que ce patriarche ne manquait jamais d'improviser en réponse aux congratulations que lui présentait sa famille au coup de minuit, tous pleuraient. Pour la péroraison, il étendait la main d'un geste auguste, il disait, fort grave, d'une voix pénétrée :

-Mes enfants, je vous bénis.

Et jeunes et vieux se prosternaient ravis, aux anges, balbutiant avec idolâtrie :

-Oncle Edouard ?..., cher, cher oncle Edouard ! Ni plus ni moins que s'il eût, à la minute, fait jaillir à leur profit la source de toutes les félicités.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Marguerite Van de Wiele (1857-1941) est née à Ixelles le 1er décembre 1857, d’un père flamand et d’une mère française.

Féministe avant l’heure et d’une manière qui lui est propre, elle fut l’une des fondatrices de notre littérature renaissante.

Si elle vit de sa plume, ce qui est rare à l’époque, c’est pour subvenir aux besoins de sa famille, dans un milieu presque hostile, et dans des conditions qui nous paraitraient aujourd’hui décourageantes.

Ses ouvrages sont pour la plupart empreints d’une tristesse sereine. L’analyse contenue des sentiments procure une certaine gravité à ces récits. Gravité contrebalancée par un style fluide et naturel.