Cet ouvrage courageux et sans concessions est le récit autobiographique de l’auteure. Victime d’un viol collectif à douze ans, elle perd son enfance, son innocence et la substance d’elle-même. Elle grandit en taisant ce drame à son entourage, mais garder un tel secret ne se vit pas impunément. Pour survivre, elle se met à manger. Sans faim. Tout le temps. La nourriture devient son refuge, sa protection, son amie, pour combler son vide intérieur, pour cesser d’être désirable en érigeant une forteresse imprenable autour d’elle. Elle devient obèse.
Le livre de Roxane Gay n’est pas un témoignage triomphant sur la perte de poids, parce que le combat à mener contre ce corps refuge, mais aussi prison, est incessant. Parce qu’il est des plus douloureux, physiquement et psychologiquement. Parce qu’être obèse est socialement inacceptable. Pourtant, Hunger n’en est pas moins un triomphe, car à travers l’expérience de Roxane Gay, nous apprenons une leçon fondamentale : nous devrions tous faire preuve de plus de bienveillance envers la réalité du corps des autres et nous réconcilier avec le nôtre