Tout au long de sa vie, Jean-Paul Sartre a porté un intérêt soutenu aux États-Unis et à leur culture. Tout petit, accompagné de sa maman, Poulou fouille fiévreusement les boîtes des bouquinistes, espérant trouver une autre aventure de Nick Carter ou de Buffalo Bill. Devenu grand, le romancier fait découvrir à Antoine Roquentin, dans La nausée, les lois de la contingence après lui avoir fait réentendre un vieux ragtime ; il caricature le racisme sévissant au sud de la ligne Mason-Dixon dans La putain respectueuse ; et après l’exécution des époux Rosenberg, il publie une lettre ouverte accusant les Américains d’être des « animaux malades de la rage ».
Il y a aussi des récits de rêve new-yorkais dans L’imaginaire, des références au jazz dans Huis clos, un reportage sur Hollywood dans le journal Combat, sans oublier, dans les mois précédant l’explosion de Mai 1968, un grand tribunal populaire destiné à juger les crimes contre l’humanité commis par l’armée américaine au Vietnam… Yan Hamel montre dans ce livre important comment l’Amérique devient – chez Sartre et dans la culture française en général – une constellation de représentations contradictoires.