La démocratie aurait-elle trahi toutes ses promesses ? Trente ans après la chute du Mur de Berlin, les peuples doutent et beaucoup sont habités par le ressentiment. Certains en appellent à une démocratie « directe », d'autres consentent à l'instauration de « démocraties illibérales ». Mais de quoi parle-t-on ? La naissance de la démocratie à Athènes, l'avènement de la République à Rome, et sa lente réémergence à partir des communes médiévales jusqu'aux révolutions anglaise, américaine et française, sont l'effet d'un long basculement de civilisation alors à peine soupçonné, lié, pour partie, aux évolutions de la technique, et dont les conséquences ne sont pas épuisées. Si la démocratie est la manière dont des hommes libres et égaux choisissent de ne pas subir leur destin en délibérant entre eux, qu'en est-il donc de la liberté, de l'égalité et du peuple qu'ils forment ? Ces questions sont au cœur de la crise des démocraties contemporaines. Renouer avec la démocratie au moment où les crises politiques, sociales, écologiques, culturelles, et l'empire de la technique et du calcul minent les démocraties contemporaines, appelle à une révolution d'un genre inédit. Sans doute fallait-il l'ébranlement de toutes les certitudes héritées de la modernité pour pouvoir commencer à le penser. Jean-François Bouthors et Jean-Luc Nancy ont mis en commun leurs approches philosophiques, anthropologiques, historiques et géopolitiques pour dégager ensemble les soubassements de la crise démocratique.