À l’aube de ses trente-six ans, Bernadette Lacaille réalise soudainement que toute seule, elle ne vaut pas grand-chose. Elle habite la maison de sa belle-mère, Évangéline, elle cuisine dans ses casseroles, se sert de ses torchons pour faire le ménage. Elle ne possède rien. Cette prise de conscience, cette sensation de fragilité et de médiocrité lui laisse tout
à coup un goût amer dans la bouche.
Si elle travaillait, si Bernadette avait de l’argent, elle pourrait intervenir dans les projets de ses enfants; Laura et ses études universitaires, Antoine et sa mystérieuse activité du mardi et jeudi. Avec l’entrée à l’école de Charles, le petit dernier, elle a de plus en plus de temps libre et la vie serait tellement plus simple, plus belle si elle avait un peu d’argent à elle. Mais comment y arriver sans que Marcel ne s’offusque?
Quatrième épisode des Mémoires d’un quartier, Bernadette explore les prémices de la libération et l’émancipation des femmes. Personnages plus grands que nature, les Lacaille et ceux qu’ils aiment sont maintenant en plein cœur d’une petite révolution tranquille, comme
le Québec du début des années 1960…