Piton 912

J’étais à plat ventre au beau milieu du collet, allongé sur une sorte de schiste complètement délité, au centre de la clairière. Mes hommes étaient encore à vingt mètres derrière moi, dans les fourrés. Devant moi, une maigre touffe d’herbe. J’étais tellement recroquevillé sur moi-même que j’avais le sentiment de ne la dépasser ni par la gauche ni par la droite. Légèrement sur ma gauche, je distinguai les courtes flammes des départs des tirs, et, à moins d’un mètre de moi, quelques petits geysers marquaient les impacts sur le sol. Je réalisai froidement à quel point je me trouvais dans de sales draps… Dans une approche à la fois attrayante et originale, l’auteur décrit le vécu des appelés du contingent de 1959 à 1961, de l’instruction en France aux djebels algériens. Leur action ne fut pas très spectaculaire et ils ne laissèrent pas de sillages sanglants derrière eux. Mais ils ont crevé de chaud dans les plaines ou de froid dans les montagnes. Ils connurent la peur lors des marches de nuit et la soif sur les pistes. Les bouclages, les ratissages et les embuscades furent leur lot. Ils ont crapahuté dans les oueds et sur les crêtes. Ils subirent des pertes et remportèrent des victoires. Ils ont eu quelques joies et beaucoup de peines. C’est leur boulot, quasi au quotidien, qui est décrit dans ces pages.