Henry Gréville (1842-1902)
"Après avoir langui, la conversation tomba, et un de ces silences qui précèdent le départ s’établit dans le salon, parfumé jusqu’à la migraine par une somptueuse corbeille d’orchidées.
Niko Mélétis, sans avoir regardé depuis deux minutes autre chose qu’une belle toile de Corot, accrochée en face de lui, au-dessus de la maîtresse de la maison, comprit qu’il ne pouvait mieux faire que de s’en aller ; il se leva donc, étirant inconsciemment, d’une façon imperceptible, ses membres longs et fins lassés d’un repos prolongé.
– Il faut que je vous quitte, mademoiselle, dit-il, mentant effrontément, vous voulez bien me le pardonner ?
Les yeux de la jeune femme clignèrent un peu, comme si elle étouffait sous ses cils une gaieté intempestive.
– Déjà ? fit-elle. Il est onze heures à peine ; vous avez des affaires à cette heure-ci ?
– Hélas !
Il se pencha sur la belle main un peu forte qui s’avançait vers ses lèvres et la baisa tranquillement.
– Au revoir, André, dit-il en cherchant son chapeau, sans regarder son ami qui restait immobile.
– Mais, je te suis... répondit André Heurtey à contrecœur.
Raffaëlle l’arrêta du geste."
Un peintre qui commence à être connu s'enfonce dans les dettes par amour et orgueil. Sa mère, sa soeur et son meilleur ami font tout ce qu'ils peuvent pour le sauver de cette situation.